Le secteur de l’assurance doit rester financièrement viable, tout en protégeant la population à un coût accessible. Mais il continue à investir dans les industries fossiles, alimentant le réchauffement climatique. Face à une crise de l’assurabilité, les assureurs doivent adapter leurs modèles de risque en se réinventant pour tenir compte de l’évolution du climat.
Le paradoxe des assurances face au climat
Les preuves sont là : le changement climatique représente un risque existentiel pour le secteur de l’assurance.
Sur les vingt dernières années, les pertes assurées directement attribuées au changement climatique ont dépassé 600 milliards de dollars. Cette facture en augmentation de 6,5 % chaque année est régulièrement répercutée sur les assurés.
Pourtant les assureurs continuent de soutenir la croissance des énergies fossiles. Avec son modèle actuel, la profession contribue à aggraver les risques qu’elle-même assure…
Dans son nouveau rapport, l’ONG Insure Our Future examine les 28 principaux assureurs mondiaux en 2023. D’un côté, ils ont perdu, à cause des dommages climatiques, 10,6 milliards de dollars. De l’autre, ils ont encaissé 11,3 milliards de dollars de primes directes provenant de la production de combustibles fossiles. Pour plus de détails, consultez leur communiqué de presse.
Le problème est que ce « double jeu » remet non seulement en question la viabilité à long terme du secteur, mais accroît les inégalités en augmentant les primes des assurés… ou en les excluant pour non assurabilité.
Et, sur le plan financier, les investisseurs en Cat Bonds (obligations catastrophe) commencent à s’inquiéter sérieusement du risque de pertes très importantes dans les années à venir.
Rappelons que pour répondre à la nécessité de renforcer leurs fonds propres, les réassureurs ont émis ces Cat Bonds. Ce sont des obligations ordinaires, mais qui rapportent davantage en échange du non-remboursement du principal en cas de catastrophe naturelle avant échéance. Ce mécanisme permet aux assureurs et réassureurs de couvrir leurs pertes après indemnisation d’un sinistre. Mais pour combien de temps encore ?
Crise de l’assurabilité
En 2023, les catastrophes naturelles ont coûté près de 6,5 milliards d’euros, selon France Assureurs, représentant les assureurs en France. La moyenne annuelle était de 3,7 milliards d’euros entre 2010 et 2019.
L’augmentation du nombre et de l’ampleur des événements climatiques extrêmes fragilise les fondements du modèle assurantiel actuel, basé sur la mutualisation du risque.
Pour respecter l’équilibre entre primes encaissées et risques indemnisés, plusieurs assureurs ont décidé d’augmenter de manière dissuasive leurs tarifs. Certains refusent même d’assurer les habitations dans des zones à forte exposition aux risques climatiques.
Voir à ce sujet notre article « Comment continuer à assurer le risque climatique ? ».
Ainsi, la commune des Sables-d’Olonne, en Vendée, n’a pas trouvé d’assureur pour la couvrir sur les dommages et biens, depuis le 1er janvier 2024. Et elle n’est pas la seule…
Mais face à cette explosion des risques climatiques, retirer la couverture ou la facturer plus cher reste injuste sur le plan économique, et irresponsable pour l’avenir de la profession.
Certains assureurs ont sans aucun doute mis peu de temps à augmenter leurs primes et à réduire les risques de leurs portefeuilles. Mais réagissent-ils aussi vite pour réduire leur impact sur le climat en cessant de soutenir l’industrie pétro-gazière ?
Les augmentations permanentes de primes ne permettront pas à l’industrie de l’assurance d’éviter d’être perçue comme un frein au progrès climatique. Et poursuivre ces investissements dans les combustibles fossiles réduit à néant son image de pilier historique de la résilience.
Aujourd’hui, il faudrait investir 10 000 milliards d’euros dans la transition climatique d’ici 2030. Pourtant le montant total des primes d’assurances des énergies renouvelables ne dépasse pas 30 % du marché de l’assurance dans les combustibles fossiles : 6,5 milliards de dollars contre 22 milliards de dollars. Cherchez l’erreur !
Augmentation de la prime cat nat en 2025
En attendant l’adaptation du système assurantiel français, la contribution annuelle de chaque assuré au régime « cat nat » passe de 25 euros à 40 euros en moyenne au 1er janvier 2025.
Rappelons que cette surprime intégrée aux contrats d’assurance multirisque habitation permet d’indemniser en cas d’événements naturels hors normes. Cela comprend les inondations, les sécheresses, les coulées de boue, les avalanches, les cyclones, les séismes ou les glissements de terrain. Tout ceci au cas où l’État déclare pour une zone donnée l’état de catastrophe naturelle.
Depuis sa création, il y a 25 ans, le régime n’avait connu aucune augmentation. Pourtant depuis 1982, les catastrophes naturelles ont coûté quatre fois plus cher à cause du changement climatique.
Après les inondations, ce sont aujourd’hui les sécheresses qui engendrent les indemnisations les plus importantes, notamment en raison du phénomène de retrait-gonflement des argiles. Voir à ce sujet notre article « Sécheresse – Inondation : le couple qui fait craquer ! ».
Face à cette évolution inéluctable du climat, la prévention doit devenir le moteur de la résilience collective. Développer l’information sur les risques existants ou à venir… Adapter les habitations et stopper les constructions n’importe où… Les pistes d’amélioration sont nombreuses.
Pour une vue complète de ce problème « cat nat », lire l’article de Libération « La facture des assurances va augmenter en 2025 pour faire face au coût croissant des catastrophes climatiques ».
N’hésitez pas à contacter votre courtier en assurance, le Groupe Gesco Assurances. Son savoir-faire vous aidera à élaborer un plan de prévention des risques climatiques adapté à votre situation.