Fini le rush du changement d’assurance emprunteur qui a suivi l’entrée en vigueur de la loi l’autorisant sans frais et à tout moment. Cette liberté d’économiser des milliers d’euros sur son prêt immobilier semble moins séduire qu’avant. Les Français aimeraient-ils gaspiller leur argent ?
Le rôle de l’assurance emprunteur
La majorité des Français qui veulent devenir propriétaire de leur habitation doivent souscrire un prêt bancaire. Et les banques, pour se couvrir d’un défaut de remboursement, exigent la garantie d’un contrat d’assurance.
Généralement, la banque qui vous prête l’argent vous incite à signer un contrat d’assurance avec une de ses filiales spécialisées. C’est pourquoi on désigne ce contrat sous le nom d’assurance maison ou assurance de groupe.
Et beaucoup d’emprunteurs, par simplicité ou par peur de voir leur demande d’emprunt refusée, acceptent cette solution. Pour l’établissement de crédit, ce quasi marché captif est une aubaine : elles peuvent en effet appliquer les tarifs qu’elles veulent… Et elles ne s’en privent pas.
Résultat : les assurances de groupe représentent encore près de 80 % des assurances emprunteurs.
Changer d’assurance emprunteur peut rapporter gros
Il faut le savoir : l’assurance emprunteur peut représenter jusqu’à 30 % du montant total de votre emprunt immobilier.
Depuis 2022 et la loi Lemoine, il est possible de changer l’assurance de son prêt gratuitement et à tout moment. Voir notre article « Faites jouer la concurrence pour assurer votre crédit immobilier ».
Après plusieurs réformes, cette dernière loi avait donc comme objectif d’augmenter la concurrence et de soutenir le marché immobilier.
Et il y avait de quoi s’attendre à un nombre important de changements d’assurance. Il faut dire qu’entre une assurance de groupe et une assurance individuelle chez un concurrent de la banque prêteuse, la différence peut atteindre 40 %.
On parle donc de la possibilité d’économiser des milliers d’euros, de manière relativement simple. La condition principale est d’apporter, avec le nouveau contrat, des garanties équivalentes à la banque qui vous a accordé le prêt.
Ce coût inférieur d’une assurance alternative vient, entre autres, d’une meilleure prise en compte du profil de l’emprunteur. Cette personnalisation permet de facturer seulement la couverture de risques réels.
Pour les banques, seules des tranches d’âge servent à différencier les profils. Elles ne prennent donc pas vraiment en compte les situations personnelles, comme le métier ou la pratique du sport. En l’absence réelle de réponse aux besoins spécifiques de chacun, les jeunes emprunteurs sont souvent les premiers à payer pour couvrir les mauvais payeurs. C’est un des travers de la mutualisation des risques.
Baisse en 2024 du nombre de substitution d’assurance
Pourtant, cette occasion de dépenser moins d’argent a surtout séduit les profils les plus aisés (CSP1), selon le rapport de fin décembre 2023 du Comité consultatif du secteur financier (CCSF). Conséquence : la délégation d’assurance ne représenterait encore que 7,5 % des nouveaux crédits.
Rappelons qu’on parle de délégation d’assurance, si vous choisissez une assurance différente de celle de la banque, au moment de signer votre contrat d’emprunt. Et on désigne un changement en cours de crédit est appelé « substitution d’assurance »
Selon le baromètre annuel d’un assureur de la place, l’année 2024 marque un ralentissement des résiliations d’assurance emprunteur. L’effet loi Lemoine se calme. Seuls 24 % des professionnels de l’assurance interrogés constatent une augmentation des changements d’assurance, contre 57 % en 2023.
Des substitutions persistent, mais plus tard, après un an, voire deux ans après la signature de l’emprunt. Pourtant, la plupart du temps le coût de l’assurance est calculé sur le capital restant dû. Il vaudrait donc mieux changer d’assurance le plus tôt possible après la signature.
Pour expliquer cette baisse des demandes de changement d’assurance emprunteur, la crise du marché de l’immobilier vient en tête des raisons invoquées. Moins il y a de crédits accordés, moins il y a de demandes d’assurances emprunteur alternatives.
Pourtant, la perception par les clients de certains freins, peu incitatifs à changer d’assurance, semble s’estomper. Les banques semblent aussi parfois plus ouvertes qu’avant à s’aligner sur les tarifs du marché, et font moins de résistance.
De même, la simplification des démarches de résiliation, comme la digitalisation des formalités médicales, contribue également à réduire ce sentiment de complexité largement ressenti auparavant.
Redynamiser le changement par une information claire
Toutes ces explications ne masquent pas le principal obstacle à voir progresser la concurrence dans ce secteur clé de la vie des Français : le manque d’information.
31 % des souscripteurs déclarent n’avoir pas été informés par leur banque de leur droit à résilier leur assurance emprunteur à tout moment. C’est pourtant une obligation légale.
59 % des assurés n’ayant pas changé d’assurance estiment que les économies réalisées ne seraient pas suffisantes.
Un autre chiffre en recul : la loi Lemoine n’est connue que de 27 % des Français.
Tout ceci prouve ainsi de manière claire la nécessité d’accroître la diffusion d’une information complète et transparente sur les avantages financiers de la démarche. La promulgation de la loi Lemoine avait bénéficié d’une couverture médiatique importante. Le silence qui prévaut depuis coûte cher aux assurés.
Il est donc indispensable de poursuivre inlassablement une communication claire sur la réalité des économies concrètes auxquelles chaque Français a droit.
Pour ceux qui hésitent encore, nous ne pouvons que vous inciter à rendre visite à un courtier en assurances, comme le Groupe Gesco Assurances. Ses conseillers pourront vous donner des exemples concrets des économies que tous ses clients ont pu faire en changeant d’assurance emprunteur.