Face à l’évolution des risques climatiques, trois experts viennent de remettre leurs propositions pour adapter le système assurantiel français. En-dehors du nécessaire rééquilibrage financier du régime Cat Nat, le maintien d’un système mutualisé et le renforcement de la prévention font partie des priorités.
Le régime Cat Nat à bout de souffle
Créé en 1982, le régime des Catastrophes Naturelles a du mal à suivre l’accroissement du nombre de sinistres liés aux aléas climatiques. Inondations, sécheresses, cyclones se succèdent en ce domaine à un rythme en augmentation permanente. Sur Terre, on est passé de 50 catastrophes annuelles dans les années 70 à environ 200 dans les années 2010.
Et, rien qu’en France, on a évolué d’un coût de 1 milliard d’euros en 1980 suite à des événements climatiques à une moyenne de 3 milliards sur les 10 dernières années.
Rappelons au passage comment fonctionne le régime Cat Nat. C’est l’État qui décide du moment où un sinistre atteint le stade de catastrophe naturelle. Cela déclenche l’indemnisation des dégâts par les assureurs. Et ces derniers se font rembourser par la Caisse Centrale de Réassurance (CCR).
C’est en effet, la CCR qui gère la surprime cat nat incluse dans chaque assurance habitation.
Mais, avec le coût des dégâts provoqués par le retrait-gonflement des argiles, la CCR a quasiment les caisses vides.
Pour en savoir plus, lire notre article « Hausse retardée de la prime cat nat ».
C’est pour cette raison que la surprime Cat Nat va passer en moyenne de 25 € par foyer et par an à 41 €, à partir de 2025. Une augmentation qui devrait rapporter 1,2 milliard d’euros chaque année. Une somme proche du 1,3 milliard jugé nécessaire par le rapport pour rééquilibrer le régime Cat Nat.
Préserver la mutualisation du régime Cat Nat
En contrepartie des efforts demandés aux ménages et aux entreprises, la garantie Catastrophes Naturelles doit rester accessible à tous, même dans les zones à plus fort risque.
Or, plusieurs assureurs pratiquent déjà des tarifs dissuasifs, ou même refusent d’assurer les habitations dans certaines zones surexposées.
Le rapport juge ces comportements comme particulièrement toxiques pour le régime français actuel, plus solidaire que sur le marché libre.
Cela introduit en effet une concurrence déloyale entre assureurs « vertueux », qui continuent à travailler même en zone rouge, et assureurs discriminants. Ces derniers ne sont pas obligés d’augmenter leurs primes pour couvrir les pertes sur les zones à forte exposition.
Ainsi concurrencés sur les zones « vertes », les premiers n’ont alors d’autre choix que d’abandonner à leur tour les zones rouges pour survivre.
Pour éviter ce cercle vicieux, le rapport propose un mécanisme de nivellement des marges techniques entre zones à faible et forte exposition.
Le profit généré dans chaque zone n’est pas actuellement équivalent. Les rapporteurs préconisent ainsi de rééquilibrer les marges entre ces zones. Mais cela doit se faire sans changer le montant de la surprime Cat Nat pour les assurés.
Selon eux, ce mécanisme de péréquation permettrait de fortement réduire l’écart de marges entre zones. A leur avis, cette différence constitue une forte incitation financière à fuir les zones à risques.
Renforcer la prévention pour adapter nos lieux de vie
Le triste constat de l’augmentation constante des risques climatiques nous impose d’adapter nos lieux de vie à cette nouvelle réalité. Il sera sans doute nécessaire d'envisager de modifier également notre façon de vivre.
Cela passe donc par un renfort de nos efforts individuels et collectifs en matière de prévention. L'objectif est d'aboutir à une nécessaire culture du risque en chacun de nous.
Reste à constituer un consensus au sein des acteurs sur les adaptations inéluctables pour contenir les risques climatiques en France.
Pour tendre vers un accord sur les mesures de prévention, la mission préconise d’associer tous les acteurs du système assurantiel pour, par exemple :
- Disposer d’un état des lieux, via une cartographie du territoire sur l’exposition aux aléas climatiques ;
- Réaliser, après sinistre, des diagnostics de résilience au cas par cas. Il s'agit d'imposer des travaux de réduction du risque dans les zones fortement exposées…
Le rôle des assureurs pour rendre notre monde plus vert
Avec 2 742 Milliards d’euros d’actif à leur bilan en 2021, les assureurs ont un rôle important à jouer en tant qu’investisseurs sur le long terme. Et l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris passent assurément par un effort important de décarbonation de leur portefeuille d’actions.
Le rapport préconise donc que les assureurs profitent des sinistres importants pour inciter à des efforts de décarbonation comme :
- Utiliser des matériaux de réemploi pour réparer une maison endommagée ;
- En profiter pour améliorer l’isolation thermique et favoriser les énergies renouvelables ;
- Remplacer un véhicule fortement accidenté par un véhicule électrique…
Il s’agit donc d’une véritable opportunité pour les assureurs d’assumer un rôle de catalyseur indispensable à cette véritable révolution universelle que constitue le défi de l’urgence climatique.
Pour en prendre connaissance dans son intégralité, télécharger le rapport.
Les conseillers du Groupe Gesco Assurances, courtier en assurance indépendant, sont à votre disposition pour élaborer un plan de prévention des risques climatiques, notamment en matière de risques d’inondation.