Appliquée depuis le 1er novembre, cette revalorisation du tarif des consultations est jugée insuffisante par la profession. Pour les patients, rien ne devrait changer, l’assurance maladie et la mutuelle en remboursant l’intégralité.
Une revalorisation insuffisante pour la profession
Début 2023, les négociations entre les syndicats de médecins libéraux et l’Assurance maladie se sont soldées par un constat d’échec. Une médiatrice désignée par l’État a donc tranché pour une revalorisation de 1,50 euro du prix de la consultation. Cela représente une augmentation de 6%, autant que l’inflation en 2022.
On est loin des 5 euros réclamés par les syndicats. Cette revendication avait simplement pour but de compenser l’inflation depuis 2017, date de la dernière hausse négociée. Pour certains, cette augmentation est donc une « humiliation ».
Mais, de nouvelles négociations devraient s’engager courant novembre.
Il faut dire que les conditions de travail des médecins se dégradent depuis plusieurs années.
Le vieillissement des praticiens fait que le nombre de généralistes diminue chaque année. Avec un médecin sur deux âgé de plus de 60 ans, la situation ne va pas s’arranger. D’autant que le manque d’attractivité de la profession n’attire pas les jeunes.
Cette pénurie de médecins augmente en effet la durée des journées de travail de ceux qui exercent et réduit leur temps de formation.
Et cette surcharge de travail explique, sans aucun doute, que près de 65 % des généralistes ont refusé en 2022 de devenir le médecin traitant de nouveaux patients.
L’apparition de véritables « déserts médicaux »
Selon un rapport du Sénat, le nombre de médecins généralistes par département a diminué de 1 % par an, entre 2017 et 2021, par rapport à la population.
En moyenne nationale, on compte, au 1er janvier 2021, 339 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Mais cette moyenne cache mal une pénurie grandissante dans certains départements. Sur le territoire d’Evron, par exemple, en Mayenne, il n’y a que 47 médecins généralistes pour 100 000 habitants.
Cette baisse de la densité en médecins explique que 11 % des Français de plus de 17 ans n’avaient pas de médecins traitants en 2022.
Cette situation inquiète le monde médical qui y voit une remise en question de l’accès à des soins de qualité pour tous. En effet, pour certains patients, il faut aujourd’hui une heure de route pour trouver un médecin. Pour d’autres, c’est le délai grandissant avant de pouvoir obtenir un rendez-vous qui pose problème.
Cela fait craindre des retards préjudiciables dans la prise en charge ou le traitement d’une pathologie. Et cela explique une saturation grandissante des services d’urgence des hôpitaux. De nombreux patients y courent, simplement affectés par une grippe ou une blessure bénigne.
Mais cette difficulté à trouver un médecin traitant a aussi une conséquence importante sur l’égalité face aux soins.
Le médecin traitant, un maillon essentiel du parcours de soins coordonnés
Instauré en 2004, le parcours de soins coordonnés a pour objectif d’encourager les assurés à se comporter de manière responsable dans leurs dépenses de santé. En faisant notamment la chasse aux abus, la Sécurité sociale compte limiter son déficit.
Personnage clé de ce dispositif, le médecin traitant est le premier maillon du dispositif de soins coordonnés. Anciennement désigné comme médecin de famille, c’est lui que vous consultez pour toute question de santé d’un membre de votre famille.
Et c’est lui qui va décider ou non de vous envoyer voir un spécialiste maîtrisant mieux les soins à vous prodiguer. C’est notamment pour cette raison que l’Assurance maladie lui attribue un rôle fondamental dans votre respect du parcours de soins coordonnés.
En effet, sa gestion de votre dossier médical fait de lui le professionnel de santé qui vous connaît le mieux. Il peut donc assurer une prévention personnalisée de votre santé et de celle de votre famille.
Et, à cause de ce rôle fondamental, l’Assurance maladie vous demande de lui déclarer le médecin que vous choisissez comme médecin traitant.
C’est la condition sine qua non d’un remboursement optimal par la Sécurité sociale de vos dépenses de santé. Grâce à cette déclaration, vous serez ainsi remboursé à 70 %, contre 30 % sans médecin traitant officiel.
Pour en savoir plus : « Le rôle du médecin traitant et le parcours de soins coordonnés » sur le site ameli.fr.
Un système de santé à double vitesse
Et c’est cette différence de remboursement qui place en mauvaise posture les patients qui ne trouvent pas de médecin traitant. Et, pour certains patients aux faibles revenus, cela risque de les faire renoncer à se faire soigner, faute de moyens financiers.
On atteint là les limites d’un système de santé que le monde entier nous envie.
Pour contrer cette pénurie de médecins, certains souhaitent l’instauration d’un conventionnement territorial. Les médecins seraient ainsi obligés d’exercer là où sont les besoins de la population.
Mais en attendant, il semble urgent de désigner un médecin traitant à chaque patient le demandant, quitte à recourir à des téléconsultations exceptionnelles.
L’important semble, en tous les cas, d’éviter un système de santé à double vitesse arbitré par l’argent.